"Pour Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz, le concept d’Anthropocène est trop imprécis car il reporte la responsabilité de ces bouleversements sur l’anthropos, soit l’espèce humaine dans son ensemble. Or, nous disent les deux auteurs, cette nouvelle ère n’est pas une faute morale dont il faudrait rendre coupable l’humanité entière. L’Anthropocène est un événement qui a une histoire, des causes et des acteurs qui ont rendu possible ce basculement.
Aussi les auteurs proposent-ils d’autres termes pour qualifier cette nouvelle ère, évoquant un Oliganthropocène (époque géologique causée par une petite fraction de l’humanité) voire un Capitalocène (le changement d’ère géologique est le fait de l’âge du capital) car ce sont bien les grands groupes industriels qui sont responsables, pour la plus grande part, du passage à cette nouvelle ère géologique. À ce sujet, les auteurs rappelent qu’entre 1850 et 2014 ce sont seulement 90 entreprises qui ont émis 63 % des émissions cumulées de CO2 et de méthane. La recherche de profit, permise par l’accumulation de capital, a généré une « seconde nature » telle qu’a pu la qualifier l’historien américain William Cronon, une nature faite de béton, de routes, de forages, de chemins de fer, de places financières structurant des flux de matières et d’énergie à l’échelle mondiale."
EHNE

