Plateau de Charpal, documents d’objectifs Natura 2000

Au cœur de la Margeride lozérienne, le site Natura 2000 du Plateau de Charpal protège une mosaïque de landes, de tourbières et de pelouses montagnardes façonnées par un climat rude et une agriculture extensive. Résumé et documents d’objectifs.

Plateau de Charpal en Lozère, site Natura 2000

Situé entre 1 279 et 1 552 mètres d’altitude, le site Natura 2000 du Plateau de Charpal couvre 3 431 hecares au cœur de la Margeride dans le département de la Lozère. Il forme une mosaïque montagnarde unique de landes sèches, pelouses à Nard, tourbières et zones humides, bordée de vastes plantations résineuses issues de reboisements RTM (Restauration des terrains de montagne) entamés dès 1937. L’agriculture extensive (pâturage bovin, vestiges de la transhumance ovine) et une sylviculture dominante (épicéas, pins, sapins) ont façonné ces paysages d’ouverture et de boisement, tandis que le lac artificiel de Charpal – réserve d’eau potable de Mende – marque le centre du site.

Le DOCOB, documents d’objectifs Natura 2000, poursuit trois ambitions :

Inventorier et diagnostiquer

  • 42% du territoire sont des habitats d’intérêt communautaire :
    – Tourbières actives, de transition et boisées (505 ha, 226 unités).
    – Landes sèches subatlantiques/submontagnardes à callune, myrtille ou genêt (644 ha).
    – Pelouses à Nard raide riches en espèces (105 ha).
  • Quinze plantes protégées ou rares (Drosera rotundifolia, Salix lapponum, Carex limosa, etc.) et une avifaune diversifiée.
  • La loutre d’Europe occupe 51% des linéaires de cours d’eau échantillonnés ; elle dépend étroitement des complexes tourbeux pour l’alimentation, la reproduction et la quiétude.

Hiérarchiser les enjeux

  • Tourbières et landes primaires présentent la plus forte valeur patrimoniale et la plus grande vulnérabilité (drainage, enfrichement, surpâturage localisé).
  • Les plantations résineuses représentent 50% du site ; leur gestion doit éviter l’appauvrissement des sols et l’ombre excessive des habitats ouverts.
  • Les activités de pleine nature (randonnée, ski nordique, pêche) se développent autour du lac ; la pression reste modérée mais nécessite un balisage et la protection des berges.

Définir une stratégie d’action

  • Hydrologie : boucher drains, démonter pistes, maintenir un gradient humide-sec continu.
  • Pastoralisme : conserver 500 ha de landes et pelouses par pâturage bovin régulé, débroussaillage ponctuel, clôtures mobiles.
  • Forêt : proscrire la coupe à blanc à <30 m des zones humides, diversifier les essences, créer des trouées pour reconnecter les habitats ouverts.
  • Faune : sécuriser les berges pour la loutre, supprimer obstacles sur les cours d’eau, instaurer des zones de quiétude.
  • Sensibilisation : lettres de liaison, visites-terrain, intégration des mesures dans les documents d’urbanisme, chartes communales.
  • Dispositifs contractuels : MAEC agricoles, contrats Natura 2000 forestiers, compensations financières (PDRN), suivi quinquennal d’indicateurs (état de conservation, pratiques, fréquentation).

Le DOCOB propose enfin d’étendre la future Zone Spéciale de Conservation : le lac (bande rivulaire de 10 mètres) reste exclu pour des raisons d’exploitation d’eau potable, mais 700 hectaures au sud (Pelouse, Le Born) sont intégrés pour garantir la cohérence hydrologique des têtes de bassin versant Colagne-Esclancide.

En synthèse, le document trace une feuille de route partenariale visant à conjuguer production forestière, élevage extensif, loisirs doux et conservation d’un patrimoine naturel d’envergure européenne, avec la loutre comme espèce emblématique et les tourbières comme cœur écologique du plateau.

Le document (105 page, 2009) :


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