Face à l’essor des activités de pleine nature et à l’urgence écologique, la Fédération française de la randonnée pédestre a commandé une enquête inédite sur les impacts environnementaux de la randonnée et de ses pratiques associées.
Réalisé par Adeline Lecheval, ce rapport dresse un état des lieux rigoureux, fondé sur une vaste recherche bibliographique, une enquête par questionnaire (145 répondants) et des entretiens ciblés auprès d’acteurs de terrain. Il analyse en détail les effets de la fréquentation des sentiers sur la faune, la flore, les sols et les écosystèmes, en fonction des milieux traversés. L’étude met également en lumière les évolutions des pratiques et les pressions croissantes qu’elles induisent, avant de proposer des pistes d’action concrètes pour une gestion plus durable des itinéraires. Ce travail de référence pose les bases d’une réflexion structurée pour faire des randonneurs des alliés de la biodiversité.
Les impacts des pratiques de la randonnée pédestre et activités connexes sur la biodiversité
Fiche de lecture du rapport d’enquête de la FFRandonnée (septembre 2024).
Présentation générale
Le rapport est un état des lieux très complet commandité par la Fédération française de la randonnée pédestre (FFRandonnée), dans le cadre de sa volonté de mieux cerner les effets de ses activités sur les milieux naturels. Il s’agit d’un travail de synthèse élaboré par Adeline Lecheval, stagiaire en Master 2, en appui avec Joël André, écologue et membre de la commission biodiversité. Ce document vise à mettre en lumière les impacts des activités de randonnée (et des pratiques connexes) sur la biodiversité, à travers une revue bibliographique internationale, une enquête par questionnaire et des entretiens qualitatifs auprès de gestionnaires d’espaces naturels, de chercheurs et d’acteurs du tourisme.
Contexte et objectif
Dans un contexte de montée en puissance des pratiques sportives de pleine nature et face à l’érosion de la biodiversité, la FFRandonnée souhaite affirmer un rôle actif dans la transition écologique. Le rapport répond à un objectif double :
- établir un bilan des impacts écologiques des pratiques de randonnée,
- identifier des pistes pour les réduire et renforcer les actions de sensibilisation, d’aménagement et de régulation.
Méthodologie
Trois volets complémentaires structurent la démarche :
- Revue bibliographique : axée sur les impacts écologiques liés à la fréquentation humaine (piétinement, dérangement, fragmentation des habitats…), avec un recours à la littérature internationale du fait du manque d’études françaises.
- Questionnaire : envoyé à 260 structures (145 réponses exploitables), visant à recueillir les perceptions et constats d’acteurs du terrain (parcs, collectivités, associations, etc.).
- Entretiens semi-directifs : 25 entretiens menés auprès de gestionnaires et scientifiques pour enrichir l’analyse par des expériences localisées et diversifiées.
Principaux enseignements
Le rapport distingue les impacts directs sur les milieux naturels, les effets induits, et les dynamiques nouvelles dans les pratiques sportives.
Impacts directs :
- Sur la faune : dérangement important, altération des comportements, baisse du succès reproductif, fuite des habitats. Les chiens, notamment en liberté, accentuent la pression. Les oiseaux et mammifères sont les plus étudiés ; la microfaune reste peu documentée.
- Sur la flore : piétinement, tassement du sol, réduction de la diversité, remplacement des espèces sensibles par des espèces résistantes. La formation de sentiers informels accentue la dégradation.
- Sur les sols : compaction, érosion, appauvrissement de la microfaune du sol, modification des structures pédologiques. Les conséquences sont durables et peu réversibles.
Impacts spécifiques selon les milieux :
- Zones littorales : perturbation de l’avifaune, fragilisation des dunes et des herbiers.
- Zones de montagne : érosion accentuée, accoutumance de certaines espèces.
- Forêts : dérangement de la faune, risque incendie.
- Milieux humides : forte vulnérabilité, piétinement critique.
- Outre-mer : impact sur les milieux insulaires sensibles, conflits d’usages fréquents.
- Espaces urbains : perturbations plus faibles, mais augmentation des fréquentations.
Impacts en chaîne :
- Effets de « boule de neige » sur les écosystèmes.
- Introduction d’espèces exotiques envahissantes (via semelles, équipements…).
- Impacts positifs : certaines pratiques favorisent la sensibilisation à la biodiversité et peuvent renforcer la protection via une meilleure connaissance du terrain et la responsabilisation des pratiquants.
Évolutions récentes des pratiques
- Hausse constante du nombre de pratiquants (27 millions de personnes concernées en France).
- Diversification des pratiques (marche nordique, longe-côte, fast-hiking).
- Extension spatiale et temporelle (pratiques hors-saison, hors-sentiers, en bivouac…).
- Effets du changement climatique sur les conditions de pratique (forêts sensibles, recul du littoral, enneigement…).
Pistes d’action proposées
Le rapport esquisse une série de leviers pour atténuer les impacts :
- Sensibilisation : renforcer l’information, la signalétique et la formation (chartes de bonne conduite, outils pédagogiques, médiation…).
- Aménagements écoconçus : choix des tracés, entretien raisonné, fermeture de zones sensibles à certaines périodes.
- Régulation et encadrement : contingentement, réglementation des usages (manifestations, bivouac, chiens…).
- Politiques publiques : incitations pour les pratiques durables, développement d’alternatives à la voiture pour accéder aux sentiers.
- Outils de suivi : mesure de la fréquentation, développement de la science participative.
- Engagement fédéral : transformer les randonneurs en « sentinelles de la nature », via un rôle proactif de la FFRandonnée.
Limites et perspectives
Le rapport identifie un manque de données scientifiques sur certains taxons (invertébrés, lichens, amphibiens…), sur certains milieux français (zones humides, zones urbaines) et sur les interactions fines entre pratiques et biodiversité. Il propose des pistes pour développer des études plus ciblées (indicateurs bioécologiques, cartographies de sensibilité, protocoles de suivi faune/flore/sols).
Le travail d’Adeline Lecheval s’inscrit comme une première étape méthodologique. Il appelle à des prolongements opérationnels : déclinaison par territoire, développement d’indicateurs, expérimentation de mesures préventives ou correctives.
Le rapport
Plan du document
- Introduction
- Présentation de la méthodologie d’enquête
- Recherche bibliographique
- Questionnaire
- Enquête directe (entretiens)
- La pratique de la randonnée entraîne des impacts
- Présentation des pratiques sportives promues par la FFRandonnée
- Impacts directs sur la biodiversité :
- Faune
- Flore
- Sol
- Milieux spécifiques : littoraux, montagne, forêts, milieux humides, Outre-mer, urbains
- Impacts en chaîne
- Impacts positifs
- Des pratiques en évolution
- Nouveaux pratiquants
- Diversification des pratiques
- Impacts liés au changement climatique
- Des premières pistes pour limiter ces impacts
- Comprendre les impacts
- Réduire les incivilités
- Créer et entretenir des itinéraires durables
- Encadrer les manifestations sportives
- Mobiliser les politiques publiques :
- Réguler la fréquentation
- Promouvoir des pratiques responsables
- Développer des mobilités douces
- Conclusion
- Bibliographie
- Annexes
- Questionnaire
- Liste des structures contactées
- Grille d’entretien
- Synthèse des entretiens
Le document complet
Web+
- Source : FFRandonnée
- Documents & ressources
